Industries extractives et communautés locales : un dialogue régional multipartite pour définir le rôle de l’État et de la société civile dans la prévention des conflits

Dans le cadre de la mise en œuvre de son projet « Vers une synergie citoyenne ouest-africaine pour la transparence et l’équité dans la gestion et la redistribution des ressources des industries extractives », le Gorée Institute organise un dialogue régional multipartite les 12 et 13 juin 2024 sur le thème « Industries extractives, communautés locales et prévention des conflits : quel rôle pour l’État et la société civile ? »

En effet, il importe de souligner que le choix de la thématique de ce dialogue régional multipartite résulte des conclusions de la Table ronde d’experts du secteur extractif tenue les 27 et 28 novembre 2023 au Gorée Institute, impliquant les pays ciblés par le programme Gouvernance des Ressources Naturelles, à savoir la Côte d’Ivoire, la Guinée, le Sénégal, le Nigeria, la Sierra Leone et le Ghana. Au cours de cette Table ronde, les débats enrichissants ayant permis d’identifier un déséquilibre de pouvoir manifeste entre les entreprises extractives et les communautés locales ont ainsi motivé l’organisation de ce dialogue.

Aujourd’hui, le constat est unanime sur le fait que malgré leur potentiel de génération de revenus, les industries extractives peuvent aussi être à l’origine de tensions et de conflits au sein des communautés locales, notamment en ce qui concerne l’accès aux ressources, l’impact environnemental et la répartition juste des bénéfices. Ainsi, face à ces défis, une approche holistique et collaborative impliquant l’État, la société civile et les acteurs industriels s’avère indispensable.

En effet, le contexte socio-économique de l’Afrique de l’Ouest relève le paradoxe d’une région dotée d’importantes ressources naturelles, mais confrontée à d’énormes défis dans leur gestion. Des difficultés qui se traduisent par des conflits persistants, une insécurité humaine alarmante et une instabilité politique chronique, souvent liées à une exploitation problématique des ressources.

C’est dans un tel contexte que le projet du Gorée Institute sur les ressources minérales et la prévention des conflits en Afrique de l’Ouest, financé par la Fondation Ford, se positionne comme une réponse. Il cherche à comprendre les liens entre l’exploitation des ressources et les tensions socio-politiques, tout en renforçant les initiatives pour une gouvernance plus inclusive et transparente de ces ressources cruciales. Ainsi, une approche inclusive et participative est nécessaire pour la gestion de ces ressources, impliquant une meilleure intégration des communautés locales dans les processus décisionnels et une révision des mécanismes de partage des revenus et des responsabilités.

Les cas Simandou et Senguélen en Guinée et SOMIVA à Ndendory et les récents affrontements à Khassanto au Sénégal sont des exemples concrets de conflits au sein des communautés locales.

Ce dialogue régional multipartite sera donc une opportunité pour favoriser une compréhension commune des enjeux, renforcer la coopération entre les différents acteurs, promouvoir la transparence et la responsabilité, et identifier des solutions concertées pour la prévention des conflits et la promotion du développement durable dans les zones d’activités extractives.

Par ailleurs, cette activité de deux jours va s’offrir comme une plateforme cruciale pour aborder les enjeux socio-économiques et environnementaux associés à ces secteurs et va donner une occasion unique de questionner le rôle de l’État dans la régulation et la gestion des industries extractives, ainsi que les responsabilités et engagements de la société civile dans la protection des droits des communautés locales et la promotion de la transparence.

En outre, le dialogue régional multipartite va explorer les industries extractives, les dynamiques locales et la prévention des conflits de l’intégration régionale. Il va aussi examiner les avantages et les inconvénients liés à la gestion de ressources naturelles pour les communautés locales, ainsi que le rôle de nos États et de la Société civile. Il va également formuler des recommandations pratiques et opérationnelles pour l’UA, les États membres de la CEDEAO et les autres parties prenantes travaillant sur le sujet et les domaines connexes.

Prendront part à ce dialogue régional multipartite des représentants de l’Union Africaine (MISAHEL), de la CEDEAO, de l’État du Sénégal, des experts, de la société civile, des universitaires ainsi que des partenaires de développement.